Un appel téléphonique m'a particulièrement perturbée.
Un monsieur cherchait une famille pour deux chatons atteints de la PIF qu'il ne pouvait pas garder. Il annonçait des frais de médicaments de 700 euros par chaton soit 84 jours de traitement, 20 jours d'injection et 64 jours de comprimé.
Le virus de la PIF provient de la mutation du coronavirus entéritique félin. Celui-ci est très courant, 90 % des animaux vivant en chatterie et 50 % des chats de particuliers ont été en contact avec lui. Ce coronavirus passe le plus souvent inaperçu. Dans 5 à 10 % des cas, le virus mute et se métamorphose en PIF. La PIF s’exprime dans 50 à 80 % des cas en forme « humide » caractérisée par l’accumulation de liquide dans la cavité abdominale ou dans le thorax. Cette maladie est mortelle. Il existe néanmoins un traitement non homologué qui vient de l’étranger. Ce traitement donne généralement de bons résultats, il est très lourd pour l’animal. Les vétérinaires n’ont pas le droit de le prescrire ni de l’utiliser.
J'ai pensé dans un premier temps qu'il ne pouvait pas assurer physiquement les soins. Au fil de la conversation et de mes questions, il m’a dit que les chatons étaient de race et valaient 2000 euros et qu’il les donnait à qui les soignerait ( sous entendant une bonne affaire ).
Cette démarche me pose plusieurs problèmes.
Le coût des soins est largement sous-estimé, outre les médicaments achetés sur internet il y a les visites vétérinaires régulières pour des ponctions du liquide accumulé dans le ventre qui comprime les organes, des prises de sang et parfois des opérations d’abcès en réaction au produit… soit un coût de 2000 euros par chaton. Les personnes auront-elles le budget ?
Deuxième questionnement et pour moi le plus important. Si les chatons survivent, seront-ils stérilisés ou feront-ils de la reproduction au risque de transmettre cette “ fragilité”. La prédisposition génétique est fortement suspectée. Cette inquiétude de dissémination de cette prédisposition à la PIF, je l’ai transmise à l’éleveur. Il a répondu : " je ne cherche pas à discuter avec vous, chacun son métier, je ne vous apprends pas à faire le vôtre". Fin de la discussion.
Effectivement, je ne suis pas éleveuse. Depuis bientôt 18 ans, et avec plus de 2000 chats et chatons pris en charge, j'œuvre dans la protection animale pour soigner, sauver et diminuer la maltraitance et la souffrance.
Ma “ petite “ expérience n’est, par choix, pas énorme au niveau de la génétique, mais en aucun cas je ne permettrais à une telle maladie de continuer ses ravages. Il est difficilement concevable pour moi que cet éleveur soit indifférent à ce problème. C'est de l'irresponsabilité.
Les chats et chatons placés dans notre association le sont avec le maximum de transparence. J’ai eu un chaton PIF chez moi, les adoptants de sa fratrie, partie plusieurs mois avant, ont été prévenus.
Quand est il de cet éleveur ? Va t’il prévenir les futurs adoptants des autres chatons de la fratrie et leurs demi-frères et sœurs ? Va t'il demander la stérilisation des chatons ?
Il existe de très bons éleveurs compétents, responsables et très respectueux de la santé et du bien être de leurs animaux, j'en ai rencontré. Malheureusement il y a des brebis galeuses qui discréditent le métier d'éleveur. Oui c'est un métier, il faut des compétences et pas seulement pour faire un beau site internet avec les chatons à vendre accompagnés de " pack " départ, jeux ou trousseau ( comme si on achetait une voiture à option).
La PIF est une maladie douloureuse, généralement soignable mais avec un coût élevé et des effets secondaires parfois douloureux pour le chat. Stériliser les animaux infectés et guéris devrait être obligatoire.
Fabienne Rocchisani.
Les photos sont des photos d'illustration de nos chatons précédemment pris en charge.
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