dimanche 3 novembre 2024

Désirée est partie.

 Il est des histoires compliquées à écrire. Des mots difficiles à trouver.

Ces dernières semaines, nous avons fait euthanasier Désirée, Césal et Gros Matou. 

Trois chats libres. Trois histoires différentes.

L'euthanasie n'est pas une solution de facilité. Il y a une consultation sous anesthésie, car ce sont des chats non manipulables, des analyses sanguines, une auscultation minutieuse. Et une décision à prendre. 

Nous soignons autant que possible. Les chats qui ont vécu dehors, libres, sans manipulation, vivent l'enfermement avec un immense stress. L'histoire de Désirée est l'illustration du maximum de ce que l'on peut faire pour eux. Nous parlerons de Césal et Gros Matou sur un autre post.

Désirée a été trappée le 16 novembre 2023. Elle vivait sur un toit près de la mairie de Gif sur Yvette. A 18 ans, elle ne pouvait plus grimper et ni sauter au sol. Elle s'abritait sous les tuiles, certainement dans des combles. Elle miaulait à longueur de journée pour réclamer à manger. Solange, sa nourrisseuse, passait une à deux fois par jour, mais avec l'âge, Désirée avait besoin de manger plus souvent. La nourriture laissée par Solange était immédiatement mangée par les pies.


Le 23 novembre, Désirée a eu une consultation vétérinaire. Sa prise de sang était nickel, son poids de 3 kg était correct. La vétérinaire lui a fait un détartrage des dents.  On ne pouvait pas la relâcher dehors,
Désirée avait besoin de chaleur et de sécurité.


A son arrivée à la maison, elle a passé deux semaines en cage. Toujours cachée dans son couchage, invisible, elle mangeait et allait dans sa litière en mon absence. Elle ne miaulait plus car elle avait en continu sa gamelle pleine. 

Puis je l'ai installée dans une pièce et j'ai ouvert la porte rapidement. Elle avait accès à toute la maison. La nuit, elle explorait. Très vite, elle a trouvé deux cachettes à deux étages différents de la maison. Dans ses deux cachettes, je lui déposais croquettes, pâtée ( 4 x jour) et eau, le bac à litière était à proximité. Elle pouvait  manger sans être importunée. La nuit, elle bougeait, regardait par les fenêtres (je trouvais ses bourres de poils partout). 


Désirée aimait sa tranquillité, les terrines de Gourmet et les croquettes gastro intestinales. Un équilibre c'était établi avec les autres chats de la maison. Quelques crachats de temps en temps, mais aucune bagarre car ils n'étaient pas obligés de se rencontrer pour aller manger ou à la litière.  

Désirée me crachait tous les jours dessus quand je lui apportais à manger. Elle l'a fait jusqu'à la fin, dès que j'approchais, elle filait dans sa boite et crachait quand que je déposais ses gamelles à 30 cm de son abri. 


Cet été, elle a changé de comportement. Elle dormait en journée sur son lit et dans son arbre à chats, parfois elle ne repartait pas immédiatement dans sa boite quand je passais à coté d'elle. Elle venait même sur le pas de sa porte pour réclamer de la pâtée. Elle devenait " visible". Je pense qu'elle était sourde et que sa vue n'était pas au top. Mais j'aimais beaucoup ces petits signes d'interaction. Je lui parlais, elle me regardais avec ses yeux vitreux.

Ses dernières semaines, son appétit est devenu capricieux. Ses gamelles de croquettes restaient pleines, elle boudait sa pâtée. J'ai fait plein des tests de croquettes et de pâtées différentes. l'appétit "repartait" puis à nouveau les gamelles n'étaient pas manger.


Mercredi, elle a fait quelque chose qu'elle n'avait jamais fait. Cachée dans sa boite, elle a ronronné. Pendant des heures, elle a ronronné très très fort. Pour se rassurer. Ce n'était pas un ronronnement de bien être. 

Elle a un peu remangé de la pâtée. Mais elle n'était pas bien, elle s'est endormie deux fois dans sa litière. Je voyais sa démarche moins assurée, plus fragile.

Vendredi, elle est partie chez le vétérinaire. La décision n'a été pas facile à prendre. J'ai annulé un premier rdv jeudi. Trop tôt, trop tard ? On ne sait jamais quand prendre LA décision .Je pense qu'elle aurait pu partir jeudi. 

La visite vétérinaire a été sans équivoque. Elle avait maigri, elle était en insuffisance rénale sévère et avait une petite tumeur à la commissure de la bouche. Elle avait 18 ans et 10 mois.

Cette vie de Désirée, libre dans une maison avec d'autres chats et des humains, n'est possible que si le chat arrive à s'adapter et à trouver un équilibre. Son fils Calo, trappé aussi en hiver 2023, à l'âge de 16 ans, n'a jamais réussi à vivre enfermé. Excessivement stressé, il s'urinait dessus de trouille quand je m'approchais pour nettoyer sa pièce. Il n'a jamais vraiment mangé correctement et sa maladie rénale s'est aggravée en moins d'un mois. Désirée avait cette capacité, après 18 ans de vie dehors, à vivre " sereine" dans une maison .Même si cet été elle a tentée discrètement de prendre la poudre d'escampette par les portes ouvertes de la véranda, elle a fait d'elle même demi tour à chaque fois. Elle n'a jamais vraiment essayé de s'enfuir dehors. 

Son absence est compliquée. Déjà une semaine qu'elle est partie et je tourne encore la tête en entrant dans sa pièce pour la chercher sur le lit ou dans son arbre à chat.

Même " sauvageons", intouchables et quasi invisibles, nos chats en accueil prennent une place dans nos cœurs et dans notre vie au quotidien. 







 

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